• Lorsque Sherockee se réveilla, elle vit un visage tout rond penchée au-dessus d’elle. Elle sursauta et cogna sa tête dans l’autre.

    – Aïe ! Désolée, je suis un peu peureuse…

    – Un peu, un peu… Ce n’est pas grave, mais il faudra que je m’abstienne de me pencher au-dessus de toi lorsque tu te réveilles à l’avenir !

    Sherockee se retourna. Le petit homme lui souriait en se frottant la tête. Il était paré d’une chasuble marron et rouge, décorée de blanc. L’homme était dépourvu de cheveux et avait de petits yeux gris légèrement typés. Sherockee le connaissait déjà, elle l’avait déjà vu. Ils avaient sympathisé lorsque Sherockee était venue. L’homme sourit.

    – Dis-moi, cela fait bien longtemps que je ne t’ai pas vu. Pourquoi es-tu venue ?

    – Tu ne le sais pas ? Pourtant, c’est toujours la même raison depuis le début…

    – Non, ça je le sais. Mais pourquoi es-tu venue ?

    Sherockee inclina la tête. Elle fixa le petit homme dans les yeux, cherchant une réponse. Mais elle ne réussit pas à trouver. Elle fronça les sourcils.

    – Comment ça ? Je ne comprends pas.

    – Pourquoi es-tu venue ? Tu dois t’en rappeler, on te pose toujours cette question.

    Sherockee fouilla dans ses plus profonds souvenirs. Elle regardait autour d’elle, cherchant un indice. Un simple indice l’aurait aidé, mais elle ne trouvait pas. Elle cherchait désespérément, devant le regard amusé de l’homme.

    – Eh bien, alors, ma vieille? Tu ne fais pas ton âge, mais dis-donc, du côté de la mémoire… Bien, lorsque tu auras retrouvé, tu me le diras. En attendant, te rappelles-tu la dernière fois que tu es venue ?

    – Non… Enfin, seulement quelques brides… J’ai l’impression d’être un tableau sur lequel on a passé un chiffon… De plus en plus souvent j’oublie des choses qui me paraissaient simples il y a encore peu de temps. Je ne sais pas si mon passage ici m’aidera à m’éclaircir les idées, mais je l’espère. Ça devient vraiment embêtant, surtout dans mon cas en ce moment sur Terre…

    – Oui, j’ai vu qu’il t’est arrivé beaucoup de choses ces derniers temps. D’ailleurs, j’ai une question à propos de ça. Pourquoi t’être enfuie du centre pénitencier ?

    Sherockee ouvrit la bouche, mais se ravisa et décida de réfléchir un peu. Elle se repassait dans sa tête ce qu’il s’était passé. Finalement elle se tourna vers l’homme, mais sans le regarder dans les yeux.

    – Je ne me rappelle plus vraiment ce qu’il m’est passé par la tête, mais je me souviens que je ne me contrôlais plus. Il fallait que je sorte, il fallait que j’aille voir l’extérieur et que je fasse comprendre aux autres qu’ils ne pouvaient pas me tenir comme ça, en cage. Ils ont commencé par rigoler lorsque je leur ai dit que je pouvais m’enfuir, puis ils ont essayé de me retenir encore. Je ne voulais plus qu’ils me considèrent comme si j’étais une dangereuse, comme une criminelle qu’il fallait enfermer. Mais, là, je crois que ça va être encore pire. Non, en fait je ne crois pas, j’en suis sûre !

    Elle fit un petit rire. L’homme en face d’elle semblait maintenant réfléchir. Elle respecta le silence qu’il imposait. Elle vit le petit oiseau qui l’avait accompagné jusque-là virevolter. Elle voulut aller le voir, pour laisser le petit homme réfléchir seul. Elle se leva, mais elle tomba, à cause d’une violente douleur dans sa jambe. L’homme se précipita pour l’aider.

    – Est-ce que ça va ?

    – Oui… Je crois. C’est juste que j’aie eu un peu de mal à venir… Il faudrait que je m’améliore en escalade, en tout cas en vitesse !

    – Oui, Ils n’ont pas fait les choses à moitié cette fois… Peut-être t’en veulent-Ils… Je ne sais pas pourquoi, mais peut-être. Veux-tu que je t’aide ?

    – S’il te plaît… D’ailleurs, en même temps…

    – Non, pas tout de suite, il faut que l’on continue à parler ; je n’ai pas encore discerné ce qu’il faut. Et puis, tant que tu n’auras pas répondu à la question, je ne commencerai pas.

    – J’y ai réfléchi ! Je ne sais pas si c’est la bonne réponse, mais je tente ! Je viens pour pencher la tête lorsque tu me poses cette question !

    Sherockee rit, suivit du petit homme. Elle se redressa, aidée par l’autre. Elle fit quelques pas et l’oiseau vint se poser à côté d’elle. Elle essaya de lâcher le bras de l’homme, mais finalement s’assit, encore trop déséquilibrée. L’homme regarda l’oiseau.

    – Je n’ai jamais vu cet oiseau ici. Depuis quand te suit-il ?

    – Depuis… Depuis que je suis arrivée dans la forêt, je crois.

    Sherockee prit délicatement l’oiseau dans le creux de ses mains et lui caressa la tête. L’oiseau se laissait complètement faire, il semblait en parfaite confiance. Le petit homme était troublé, il fixait l’oiseau.

    – Mais que peux-tu faire ici ? Tu n’es pas d’ici, toi… Sherockee ?

    – Oui Ademes ?

    – Cet… Oiseau, pourrait-il venir de l’autre côté ?

    – Non… Je ne l’ai jamais vu nulle part. Ni sur Terre, ni ailleurs. Mais il me dit quelque chose quand même… Je ne sais plus où je l’ai vu. Attends, je vais m’en souvenir…

    Sherockee cherchait. Elle réfléchit quelques minutes. Ademes la regardait, il vit la petite étincelle qui traversa ses yeux. Elle regarda son cou et ses doigts pincèrent quelque chose, comme si elle prenait une chaîne invisible. Et c’est ce qu’elle faisait. Une petite chaîne, toute fine, apparue lentement sous ses doigts, brillante comme un diamant. Ses doigts descendirent le long du collier, pour arriver à un petit médaillon, en forme d’oiseau, finement sculpté dans de l’or, incrusté de pierres rouges, vertes, violettes, jaune et bleu, avec une petite étoile de perles blanches sur la tête. Sherockee regarda l’oiseau, toujours posé sur sa main, puis son collier ; elle n’en revenait pas. Ademes semblait troublé. Il ne disait plus rien, il pinçait ses lèvres. L’oiseau monta sur l’épaule de Sherockee et frotta sa tête contre son cou. Sherockee le prit délicatement et l’approcha de son visage.

    – Tu ne viens pas d’ici, je ne t’ai jamais vu ailleurs. Mais d’où viens-tu alors ? Pourquoi ressembles-tu autant à mon collier ? Alors ?

    Elle regardait l’oiseau dans ses petits yeux. Ils se fixaient. Elle sourit et caressa la petite tête de l’oiseau. Elle secoua la tête et se tourna vers le petit homme, qui n’avait pas bougé.

    – Ademes… Penses-tu que l’on puisse créer quelque chose, sans s’en rendre compte ?

    – Je ne sais pas ; tout est possible, tant qu’il y a de la croyance.

    – Alors, je sais d’où il vient. J’ai traversé un lac… Je crois que tu sais. J’ai ressenti une oppression, une angoisse… Horrible. Et puis, à un moment, lorsque j’ai regardé l’étoile ; tout d’un coup, j’ai éprouvé une sensation de solitude, une sensation plus forte même. Je ne sais pas comment décrire, mais j’ai souhaité de tout mon cœur d’avoir quelqu’un pour m’aider, pour me comprendre. Et il est arrivé. Mais j’ai encore une question, ça me turlupine. Pourquoi est-il comme mon collier ?

    – Premièrement, il faut se poser les bonnes questions. C’est une bonne question que tu te poses, mais pas au bon moment. Deuxièmement, il faut se poser les bonnes questions au bon moment. Alors réfléchis encore un peu, et tu comprendras peut-être.

    C’est ce que fit Sherockee. Elle réfléchit pendant de longues minutes, en caressant la tête de l’oiseau. Ademes souriait, amusé de la voir la tête penchée comme ça. Finalement, elle sourit et hocha la tête.

    – D’où vient ce collier…

    L’homme sourit. Sherockee replongeait dans ses souvenirs, revivant chaque instant.

     

    « Ma vie a commencé il y a trop longtemps pour que je me souvienne exactement quand. Mon premier battement de cœur fut le battement brut, initial, un déchaînement d’énergie. Je ne sais pas d’où je viens, je suis née sourde et aveugle avec peu de sensibilité ; le monde qui m’entourait n’était qu’imagination, supposition et hypothèse. Je ne savais rien de moi, rien de ce qui m’entourait. J’ai commencé à imaginer, à inventer ce que je pourrais toucher, sentir, voir et même entendre. J’ai inventé toutes sortes de choses, en beaucoup de temps ; mais la patience devint une de mes qualités. Après, j’ai commencé à sentir ce que j’imaginais se former ; progressivement, j’ai appris à maitriser ce que j’ai appelé les “éléments”. La lumière m’arriva la première fois lorsque je fis un anneau d’un de ces éléments. Une lumière trouble d’abord, qui au fil des années s’éclaircie et devint plus nette. Plus tard, je leur donnais des noms à chacun. Le feu était ma lumière et ma chaleur. L’eau était ma source de douceur ; lorsque mes exercices me blessaient, elle m’apaisait. Le souffle du vent et l’air formaient un couple qui m’apaisait, me portant dans des rêves magnifiques. La matière enfin me révélait chaque jour un nouveau touché, une nouvelle sensation sous mes doigts. Ce n’est que plus tard qu’elle devint “la terre”. Les éléments…

    Je les réunis un jour, pour savoir ce qu’ils pouvaient former ensemble. Ils se déchaînèrent entre mes doigts en un instant, formants un ensemble magnifique, une merveilleuse danse qui se déroulait sous mes yeux. Les éléments s’entremêlaient, se repoussaient ou s’assemblaient. Ils m’entourèrent, comme pour me remercier. Puis, ils me rentrèrent dans le corps, ils dévoilèrent ce collier. Le collier apparu sur mon cou, comme il le fait maintenant sous mes doigts. Rien ne me disait s’il était là depuis le début, ou si c’était les éléments qui me l’offraient. Mais ce magnifique bijou m’a toujours accompagné, n’importe où. Il est là comme pour me rappeler ce que je suis, et de là où je viens. Son invisibilité s’est ensuite couplée avec l’imperceptibilité. Personne ne peut le sentir, le voir ou le deviner sans que je ne l’aie fait apparaitre. Même avec les engins les plus performants, personne ne peut le détecter. »

    Sherockee rouvrit les yeux. Ademes lui sourit. Elle était restée comme ça un bon moment, mais il n’avait pas bougé. Elle semblait encore dans ses réflexions, mais Ademes voulait tout savoir.

    – Alors ? As-tu trouvé la réponse que tu cherchais ? Ou tes pensées doivent rester des hypothèses ?

    – Deux hypothèses… Mais je crois que j’ai trouvé quelque chose d’intéressant. Mais il faudrait que j’ai le total contrôle de moi-même. Peut-on…

    – Pourquoi es-tu venue ?coupa Ademes.

    – Tu ne lâches pas l’affaire ! Quelle tête de mule…

    Sherockee réfléchit encore. Ademes s’amusait beaucoup. Il avait un grand sourire. Sherockee sourit et se retourna vers lui.

    – Je viens parce que la détermination de voir les mondes progresser vers l’équilibre me porte chaque jour, parce que je veux que les créations suivent un chemin qui ne les mènera pas à leur perte. Mais pour ça, j’ai besoin de savoir qui je suis, et d’avoir parfaitement confiance en moi.

    Ademes fit une moue sceptique, il n’avait pas l’air convaincu. Sherockee sourit.

    – Et aussi pour venir te voir…

    Ils éclatèrent de rire. Ademes aida Sherockee à se relever et ils se dirigèrent vers une grande porte, non loin du grand mur. Certaines pierres semblaient flotter en l’air, tant le mur était miné et massacré par le temps. Ils poussèrent la porte. Elle grinça, et s’ouvrit sur une simple cour pavé et enneigé, aussi détruite que les murs. Des bougies étaient disposées par terre, en formant des spirales créant un cercle dans lequel Sherockee s’installa. Avec son aide, Ademes alluma une à une les bougies. Sherockee utilisait une petite flamme sur le bout de son doigt et Ademes une longue allumette. Chaque fois qu’une petite lumière illuminait une mèche, une petite partie des murs apparaissait ou se constituait. Il y avait plus d’une centaine de bougies. Chaque bougie faisait une petite lueur dorée, semblable à celle de l’étoile accrochée en haut du mur. Lorsqu’ils eurent finit, un immense plafond se découvrait au-dessus d’eux. Un magnifique plafond décoré de somptueux motifs dorés et colorés. Une étoile était représentée au milieu de la voûte, entourée de nuages rosés sur un ciel noir, plein de petites lumières blanches. De formidables colonnes s’élevait jusqu’en haut, aussi cristallines que le plus beau des diamants. L’endroit baignait dans une lueur douce et claire ; la lumière était présente partout. Sherockee était émerveillée par cet endroit, bien que ce ne soit pas la première fois qu’elle y venait – elle ne se rappelait plus de la fois d’avant. Elle regarda les bougies et se tourna vers Ademes.

    – Qu’est-ce que l’on fait maintenant ?

    – Allonge-toi et ferme les yeux.

    Elle s’allongea en boule. Les bougies s’élevèrent légèrement du sol, flottant autour d’elle. Elle ferma les yeux et se laissa porter très loin.

    « – Qui es-tu ?

    – Je suis Sherockee !

    – Ah ! Oui, bien sûr… Mais sais-tu vraiment qui tu es ? Non ! Tu le crois, tu crois le savoir, mais tu ne sais rien ! Pourquoi es-tu venue ?

    – Encore cette question ?

    – Tu n’y as pas correctement répondu tout à l’heure ; heureusement qu’Ademes a été gentil ! Alors, maintenant, tu vas réfléchir trente secondes ! Mais dis-moi, ton âme et ton cœur ne sont pas les seuls à s’être assombrir…

    – Comment ça ?

    – Il faudrait te regarder dans un miroir de temps en temps… Tes yeux ne sont plus tellement les beaux yeux émeraude dont on nous parle sans cesse, ils sont plutôt vert sapin ! Tu ne l’as pas vu ?

    – Non… Mais vous, vous l’aviez remarqué. C’est ça votre force, n’est-ce pas ? Vous savez… Moi, je cherche à comprendre…

    – Tu as répondu à la question.

    Eh bien maintenant on va pouvoir passer à autre chose ! Allez, s’il vous plaît, maintenant, il faut que vous m’aidiez ; je n’en peux plus ! Je ne me contrôle plus, je ne me supporte plus !

    – D’accord…»

    Sherockee se réveilla brusquement. Ademes se tenait assit, en dehors du cercle de bougies. Celles-ci retombèrent lourdement au sol, le plafond disparu et les murs redevinrent des ruines. Sherockee haletait, elle ressentait une pression dans la cage thoracique, comme si ses poumons avaient doublé de volume.

    – Il y a quelque chose de bien étrange… Ils n’ont pas réussi, souffla Ademes.

    – Quoi ? Mais pourquoi ?

    – Je ne sais pas…

    Sherockee s’enferma dans un silence pesant. Elle fixait ses mains, furieuse contre elle-même. Elle savait qu’elle ne pouvait plus recommencer, que s’Ils avaient échoué, c’est qu’il y avait beaucoup plus qu’elle l’avait imaginé. Elle bouillonnait de fureur, mais était incapable de se calmer. Elle frappa du poing sur le sol, tant elle était énervée. Ademes sursauta et se rapprocha d’elle.

    – Calme-toi, tu ne dois pas exprimer ta souffrance dans ce lieu. Viens, nous allons sortir d’ici.

    Il prit Sherockee et l’emporta au-dehors. Lorsqu’il lâcha son bras, elle s’éloigna un peu. Elle était hors d’elle, elle s’énerva contre tout, frappant dans les pierres qui se brisaient en un seul coup de poing ; elle frappa dans une botte de neige avec le pied, en oubliant sa jambe douloureuse. Elle tomba au sol, en larmes. Elle n’avait plus de force, elle ne sentait plus rien. Ademes qui n’avait pas bougé jusque-là se dirigea vers elle. Elle se redressa, passa ses mains sur son visage et resta sans bouger. Le ciel se couvrit de nuages noirs, couvrants chaque parcelle de bleu.

    – Mais pourquoi ? Pourquoi ?

    – Pose-toi les bonnes questions au bon moment.

    – Mais c’est ce que je fais Ademes ! Mais je ne comprends toujours pas pourquoi ! Pourquoi !

    – Au bon moment ? Si tu te calmais d’abord… Après, peut-être que tu comprendras…

    Sherockee regarda Ademes droit dans les yeux. Il soutint son regard, et finalement se fut elle qui baissa la tête. Elle comprenait que sa rage ne servait à rien de toute façon ; elle s’allongea et mit ses mains sur son visage, en respirant calmement. Lorsqu’elle eut repris ses esprits, elle se redressa. Elle souffla longuement afin d’être sûr d’être bien calmer.

    – Bien, maintenant, je pense que tu vas pouvoir te reposer les questions.

    Sherockee n’écouta pas cette phrase. Elle était déjà plongée dans sa réflexion, abandonné dans un flot de pensés. Ademes l’avait compris. Le petit oiseau aux couleurs éclatantes vint voler juste à côté d’eux, mais compris, lui aussi, qu’il ne fallait pas déranger Sherockee. Il alla se poser sur l’épaule sur l’épaule du petit homme et se blottit dans un pli de son chasuble. L’homme caressa sa petite tête, puis lui gratta les plumes du cou. Il savait y faire avec les oiseaux, car celui qui logeait dans sa chasuble s’était endormi. Sherockee n’avait toujours pas bougé, mais elle semblait murmurer et compter sur ses doigts. Elle redressa brusquement la tête.

    – Ça y est, je viens de comprendre, murmura-t-elle. Ce n’est pas les pensées dans mon esprit le problème, ni ce qu’Ils ont fait… Seulement, mes problèmes ne viennent pas de là… Ils viennent de moi, de ce que je suis vraiment. Mon cœur a une faille, un précipice qui a toujours été là, mais qui s’est approfondi et a pris plus de place. C’est la partie que je ne peux pas contrôler, la partie plus sombre. Je suis une perle Ademes, toutes les perles ont une impureté, rien ni personne n’est parfait, moi non plus. Mais lorsque l’impureté prend plus de place, elle devient ingérable. C’est encore cette question de pouvoir qui uni et séparent les mondes, ce pouvoir que je ne connais pas assez pour le comprendre… L’impureté prend de la place, elle contrôle tout, puis petit à petit elle détruit. C’est tout.

    Ademes resta muet, le regard dans le vide. Sherockee se leva et marcha un peu. Elle reprenait le sens de l’équilibre, même si sa jambe était encore un peu douloureuse. Elle revint à côté de l’homme rondouillard, toujours cloué dans le silence. Il se tourna vers elle. Sherockee lui toucha l’épaule.

    – Ademes, ne t’enfermes pas dans le silence comme ça, tu ne le dois pas. Ça ne sert à rien, tu n’avanceras pas comme ça. Tu le sais mieux que moi.

    – Tu as raison… C’est seulement… Ce que tu viens de dire est…

    – La vérité, je sais. C’est dur, mais c’est comme ça. Ne t’inquiète pas. Allez, viens, on y va, il faut que je retourne de l’autre côté. J’ai des choses à finir, et ce n’est pas encore gagné !

    – Oui… Bien sûr. On y va.

    Il se leva et prit le bras que lui tendait Sherockee. Ils se dirigèrent vers l’arrière des ruines, en marchant tranquillement. Ils arrivèrent devant une imposante montagne, seule au milieu des plaines. Sherockee s’avança, mais Ademes la retint.

    – Comment vas-tu faire ?

    – J’ai une petite idée, mais il faudra que le directeur du FBI soit de bonne humeur…

    – Non, pour ça je ne m’inquiète pas. Mais pour… Cette faille, comment vas-tu faire ? Vas-tu la laissez te contrôler ?

    – Je ne sais pas… Il faudrait que je demande à quelqu’un qui en sait long sur les cœurs. Je sais exactement qui, mais reste à le trouver. Ne t’inquiète pas pour ça non plus, je vais remuer terre et ciel jusqu’à l’avoir trouvé. Je vais me débrouiller pour trouver une méthode pour me contrôler en attendant, mais ne t’inquiète pas, mon voyage ici m’a rappelé des choses que j’avais oublié. J’arriverai à me contrôler, j’y crois. Ne t’en fais pas.

    Sherockee enlaça amicalement Ademes et découvrit le petit oiseau endormi. Elle sourit et le caressa. L’oiseau ouvrit les yeux et regarda Sherockee.

    – Tu t’occuperas bien de mon ami, d’accord petit oiseau ? Je te donne ma confiance. Il faut que j’y aille maintenant, mais il vaut mieux que tu restes là. Au revoir, prenez soin de vous tous les deux.

    Elle se releva et partit en direction de la montagne. Elle gravit les roches, et malgré sa jambe, elle grimpait vite. Elle montait avec assurance, sans peur. En haut, tous les nuages s’étaient regroupés pour former une tornade, sombre et inquiétante, mais qui ne semblait pas affoler Sherockee. Elle arriva au sommet, se retourna et fit un signe de la main à Ademes qui le lui rendit. Ensuite, elle ouvrit les bras et se laissa porter par la tornade qui l’entourait. La tornade accéléra et devint si opaque que Sherockee n’était plus visible. La tornade disparue soudain, laissant place à un ciel magnifiquement bleu, et une belle étoile juste à l’endroit où se trouvait la tornade quelques secondes auparavant.


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