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    Toute l’équipe était sur le trottoir. Sherockee souriait encore. Elle n’avait toujours pas prononcé un mot, malgré les nombreuses questions des autres. Maintenant, il fallait qu’elle retourne au bureau du FBI. Il était deux heures , il lui restait une heure avant que toute l’Amérique ne se mette en état d’alerte.

    Bon, il faut que j’y aille. Merci pour tout ce que vous avez fait. Merci beaucoup.

    Toute l’équipe sourit. Elle remercia et salua tour à tour les membres de l’équipe, elle rendit le gilet à Sandra, qui lui dit de garder le jean. Elle partit, Jonathan à son bras. Sandra rentra chez elle à pied, Charly et Morgan retournèrent chez eux par le métro.

    Jonathan et Sherockee arrivèrent vingt minutes plus tard au bureau du FBI. Ils n’avaient pas parlé durant le trajet. Les cheveux de Sherockee étaient redevenus blanc. Les agents qui étaient devant la porte n’eurent pas de mal à la reconnaître, sa photo était accrochée dans les bureaux. Ils pointèrent leurs armes vers elle, elle leva les mains et continua à avancer alors que Jonathan s’était arrêté. Plusieurs fois, ils lui crièrent qu’elle arrête d’avancer, qu’elle se mette à genoux par terre. Mais elle ne les écoutait pas et continuait à avancer. Jonathan lui criait aussi qu’elle arrête d’avancer, qu’elle fasse ce qu’on lui disait. Mais rien à faire, elle continuait. Jonathan supplia les agents de ne pas tirer. Ils continuaient à beugler, mais Sherockee continuait à avancer. Elle était maintenant à moins de trois mètres de la porte et des deux agents. L’un d’eux tira. Un coup en direction du bas ventre de Sherockee. La balle traversa la chemise que portait Sherockee, trouant le tissu. Et pourtant elle ne semblait pas l’avoir reçue, comme si rien ne s’était passé. Deuxième balle. Toujours rien. Les agents ne comprenaient pas, ils continuaient à tirer, ils tiraient et tiraient encore. Sherockee continuait à avancer, elle avait toujours les mains levées.

    Bon les gars, vous pouvez arrêter maintenant ! Ça y est ! C’est bon ! On se calme ! Laissez-moi rentrer, je veux juste allez voir votre patron pour lui dire que je suis là, et que je ne veux pas passer pour une criminelle, que je ne lui ai pas mentis ! Alors maintenant si vous pouviez arrêtez de me tirer dessus, je serais super contente.

    Elle avait presque l’air de rigoler. Elle était à un peu plus d’un mètre des deux agents, qui faisait une tête effarée. Ils étaient blancs comme des linges. D’autres s’étaient approchés aux fenêtres en entendant les coups de feu. Personne ne comprenait. Sherockee baissa les bras et mit les mains sur les hanches.

    Je peux entrer ? Sauf si vous voulez que je vous rende vos balles avant. Et arrêtez de faire ces têtes ! On dirait que vous avez vu un fantôme.

    Cette fois, elle rigolait pour de bon. Jonathan leva les yeux au ciel. Il s’avança et retint un des agents qui manqua de tomber dans les pommes alors que Sherockee rentrait en rigolant. Ceux qui étaient dans les bureaux n’en revenaient toujours pas et dévisageaient Sherockee. Elle partait tranquillement vers le bureau de Nelson qui se trouvait dans le fond. Elle arriva devant la porte, frappa doucement et entra. Nelson était penché sur son poste de travail et pianotait sur son clavier d’ordinateur. Lorsqu’il vu Sherockee, il fit un bond dans son fauteuil.

    Calmez-vous mon vieux ! Je ne vais pas vous manger !

    Elle continuait à rigoler. Il commença à sourire. Il mit son ordinateur en veille et tourna la tête vers elle.

    Je vais vous avouer que je ne pensais pas que vous viendriez.

    J’ai eu du mal à rentrer ! D’ailleurs, vous pourrez rendre tout ça aux agents qui sont devant la porte. Et vous pourrez leur dire qu’ils tirent très bien !

    Elle secoua sa chemise et toutes les balles tombèrent par terre. Nelson regarda les balles tomber et remonta son regard vers les yeux de Sherockee. Elle avait un grand sourire et regardait Nelson avec les yeux d’une petite fille amusée.

    Comment faites-vous ? Vous portez un gilet pare-balle invisible ? Ou alors c’est moi qui suis complètement fou ?

    Non, ne vous inquiétez pas, ça n’est ni l’un ni l’autre, mais je ne peux pas vous expliquer. Bon, qu’est-ce que l’on fait maintenant ? Si vous voulez, je peux allez dans l’interrogatoire toute seule comme une grande. Je connais bien le chemin maintenant !

    Elle rigola de nouveau. Nelson avait la bouche légèrement entrouverte, son regard passait sur les balles par terre avant de revenir sur Sherockee. Il ne savait pas quoi répondre. Pourtant, il connaissait très bien la procédure et savait quoi faire. Sherockee partit dans le couloir vers les interrogatoires. Il se leva et la suivit. Il ouvrit une salle et la laissa s’installer. Il mit la caméra et les micros en route. Ensuite, il alla chercher le dossier qui concernait l’affaire et revint après dans la salle. Sherockee s’était assise, elle n’avait pas l’air de s’inquiéter ou même d’être stressée. Elle avait les bras posés tranquillement sur la table. Ses jambes étaient croisées, elle avait un léger sourire aux lèvres. Nelson s’assit, mit ses lunettes et relis quelques lignes du dossier. Sherockee avait l’air d’essayer de lire, mais lire à l’envers n’était pas sa spécialité. Nelson retira ensuite ses lunettes et fixa Sherockee.

    Diego m’a raconté ce qui s’est passé pendant la mission. Mais il m’a dit que j’obtiendrais plus de détails avec vous. Racontez-moi, je veux tout savoir, jusqu’au moindre détail. Je veux savoir ce qu’il s’est passé avant que notre équipe ne vienne, pendant et après.

    Sherockee hocha la tête, et elle commença son récit. Elle expliqua un peu pourquoi elle s’était enfuie de l’hôpital, où elle voulait aller. Ensuite, elle raconta comment sa fuite s’était arrêtée, ce qui s’était passé dans le bunker, les souffrances vécues et le désespoir de ne plus jamais revoir la lumière du soleil et les personnes qu’elle aimait. Elle décrit comment Dimitri et Jonathan l’avait aidé à reprendre des forces après l’avoir trouvée dans ce bunker et lui avait réappris à marcher. Elle dit comment Dimitri avait été tué, ce qu’elle avait fait pour essayer de le ramener à la vie sans mentionner sa magie. Elle lui détailla la scène qu’avait vécu Sandra, et finit par lui expliquer qui était les hommes qui avait tué Dimitri et intimidé Sandra toujours sans parler de magie.

    Ce qu’ils veulent, c’est seulement que je reste dans l’ombre, à n’apporte quel prix. Ils sont prêts à tuer n’importe qui. Je ne peux pas vous en dire plus, ni sur eux, ni sur moi. Ils écoutent chacun de mes mots, scrutent chacun de mes mouvements.

    Elle releva la tête et fit un triste sourire à Nelson. Il n’avait pas raté une seule de ses phrases, il était accroché à ses lèvres. Ils restèrent quelques instants sans bouger. Au bout de quelques minutes, Nelson se leva et sortit, laissant Sherockee seule. Il ferma doucement la porte. Elle entendait ses pas dans le couloir. Elle entendit une porte s’ouvrir, des boutons cliqueter et la porte se refermer. La porte de l’interrogatoire se rouvrit. Nelson revint s’asseoir. Il tourna quelques pages du dossier devant lui et s’arrêta sur les photos des agents qui avaient été tués. Ensuite, il continua à tourner les pages et s’arrêta sur un long texte, qui parlait de Sherockee, de ses activités, des gens qu’elle côtoyait, etc. Il continua à tourner les pages et ferma le dossier. Il le prit et se leva. Il s’arrêta devant la porte, voulu se tourner vers Sherockee mais se ravisa et ferma la porte. Sherockee laissa sa tête tomber entre ses bras. Elle n’en pouvait plus. Elle avait raconté pendant plusieurs heures ce qu’il s’était passé en plus d’une semaine, sans jamais s’arrêter. Elle s’endormit, ne pouvant lutter.

     

    Nelson s’assit à son bureau. Il était en train de repasser chaque phrase qu’il venait d’entendre. Il avait l’impression que plus l’affaire avançait, plus les choses se brouillaient. Alors, il réécrivit toute l’enquête depuis le début. Chaque étape fut mentionnée sur sa feuille. Lorsqu’il arriva à la fin, il releva la tête et sursauta en voyant Jonathan assit sur le fauteuil en face de lui.

    Bonjour !

    Mon Dieu, vous m’avez fait peur ! Ça fait longtemps que vous êtes là… Jonathan c’est ça ?

    Oui, c’est bien ça. Je vais vous avouer que ça fait bien vingt minutes  que je suis là. Mais je voyais que vous étiez plongé dans votre recomposition de cette affaire, et je ne voulais pas vous déranger. Je suis juste venu vous donner mon numéro de portable, au cas où vous auriez besoin de me joindre, dit-il en posant un petit papier sur le bureau. Qu’est-ce que vous avez appris aujourd’hui ?

    Tout ce qui s’est passé lors de cette mission. Elle m’a tout raconté, pendant plusieurs heures, sans s’arrêter. Ses mots m’ont… Je n’en reviens pas…

    Nelson avait le regard perdu dans un monde lointain. Jonathan sourit. Il se leva et laissa Nelson dans son bureau. Il sortit prendre l’air. Il était temps pour lui de trouver un hôtel pour dormir. Lorsqu’il sortit, il frissonna. Le vent était plus frais que dans le Sahara. Il remonta la balade qui longeait le canal. Ensuite, il prit une grande avenue.


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