• 15 (1ère partie)

    20 septembre, 16 heures

    « J’étais allongée sur une branche dans un arbre de Central Park, réfléchissant au moyen de récupérer ma dague. J’étais seule dans mon arbre – heureusement. Quelques écureuils sautaient dans mon arbre, me saluaient et repartaient aussitôt. Il faisait très nuageux, mais il ne pleuvait pas encore. Le temps passait comme ça. Je n’ai pas trouvé de solution, alors, au bout d’une heure, je suis descendue. Je me suis baladée dans New York, sans réfléchir où j’allais. Je me suis retrouvé devant… Une grande grille de métal… Rouge. Qu’était-ce ? J’ai continué, j’allais vers Newark – pourquoi ? Mais lorsque je fus sur un pont, je me retournais et fis machine arrière…

    Mais qu’est-ce que je faisais ? »

    New York, salle d’interrogatoire 4 du FBI

    Le trou noir. Sherockee ne se souvenait plus de rien après ça. Elle le raconta, le directeur adjoint nota. Elle lui décrit chaque chose, chaque paysage dont elle se souvenait. Elle semblait perdu, incapable de se souvenir de quoi que ce soit. Elle souffrait, cela la torturait de ne pas se souvenir. Elle voulait savoir mais n’arrivait pas à se souvenir. Elle était abattue ; elle regardait ses mains. Le directeur fut troublé de la voir ainsi.

    – Ce n’est pas grave, on ne peut pas se souvenir de tout. Et puis vous avez subi plusieurs chocs, plusieurs traumatismes. Ne vous inquiétez pas, si ça vous revient, demandez que quelqu’un vienne. Calmez-vous, vous avez déjà répondu à beaucoup de questions, c’était très bien.

    – Oui… Est-ce que je pourrais avoir un oreiller ou quelque chose de mou pour me reposer…

    Le directeur-adjoint hocha la tête et sortit de la salle. Il revint quelques secondes plus tard avec une couverture et une grosse polaire.

    – Nous n’avons pas d’oreiller, alors à la place, nous avons une belle grosse polaire. Je vous laisse. Vous voulez rester là ou…

    – Non… Non. C’est bon. Merci.

    L’homme se dirigea vers la porte, mais Sherockee le rappela.

    – Vous êtes le premier qui me croit. Merci beaucoup, j’ai enfin confiance en quelqu’un qui m’interroge. Merci beaucoup.

    L’homme sourit et sortit de la salle. Sherockee roula la couverture en boule et l’installa au soleil, prit la polaire et la passa. Elle s’allongea et posa sa tête sur son “oreiller”. Elle trouva le sommeil au bout de quelques minutes, ce qui était rare pour elle. Malheureusement, il fut agité.

     

    « La Terre tourne autour du soleil, le Soleil tourne dans la galaxie, la galaxie tourne sur elle-même dans l’Univers, l’Univers tourne dans ma main, ma main tourne grâce à moi… Mais moi, grâce à quoi, après quoi puis-je tourner ? Peut-être que si je savais d’où je viens… Mais d’où est-ce que je viens ? Je viens d’une mère ? Je viens de nulle part ? Ce n’est pas possible, tout viens forcément de quelque chose, non ? »

    Tu essayes vraiment de me fuir, n’est-ce pas ? Pourquoi ? Pourquoi cherches-tu à ce point à nous fuir, pourquoi cherches-tu à te fuir ? Tu n’acceptes pas certaines choses à ton propos ; pourtant, tu en sais beaucoup sur toi. Tu ne supportes pas l’idée que tu ne sois pas parfaite. Mais as-tu réfléchi à ce sur quoi tu fais l’impasse ? Tu fais l’impasse sur ton passé, l’impasse sur ta vraie nature et en même temps, l’impasse sur une de tes plus grandes forces. L’autre partie est une force, elle est plus puissante que tu ne l’imagines. Elle vient de toi, cette partie. Elle n’est jamais sortie d’ailleurs, seulement de toi. C’est pour cela qu’elle est si forte, parce que tu es puissante. Tout le monde devrait t’admirer, tout le monde devrait t’aimer. Mais les humains ne comprennent rien… Tu le vois tout le temps depuis septembre je pense ! Ils font de toi ce qu’ils ne veulent pas voir dans leur monde, mais qu’ils sont quand même. Tu ne devrais pas leur accorder autant d’attention, ils ne le méritent pas ! Je ne vois vraiment pas ce que tu leur trouves de positif. Pour moi, tu devrais plutôt t’occuper de toi… Tu devrais apprendre à te contrôler, à contrôler tes pulsions ! Pourquoi penses-tu que je te parle à chaque fois que tu arrives à t’endormir ? Pourquoi penses-tu qu’à chaque fois que tu te regardes dans un miroir tu me vois ? Tu ne le sais pas ? Tu vois, tu ne sais rien de toi. Tu es naïve…

     

    Sherockee se réveilla brusquement. C’était la fin d’après-midi, le soleil commençait à décliner. Elle se leva. La salle était maintenant éclairée par les néons du plafond, la nuit tombait vite. Elle fit un tour de la salle pour se calmer. Son cœur battait à toute allure, sa respiration était saccadée. Elle marcha tranquillement, en essayant de respirer le plus calmement possible. Elle mit les mains dans les poches de la polaire. Elle fit plusieurs tours et finit par s’arrêter pour aller s’asseoir. Elle retira délicatement la fleur de ses cheveux et défit la tresse. Elle passa les doigts dans sa chevelure pour la démêler, prit trois fines mèches et commença à les tresser ensembles, en rajoutant quelques brins à chaque fois qu’elle passait une mèche au-dessus d’une autre. Elle fit le tour de son crâne, en ne laissant aucune mèche en dehors de la tresse et mit délicatement la fleur. Celle-ci exécuta le même mouvement que lorsque Jonathan l’avait mise dans la tresse. Cette fois, la tige s’allongea et arriva jusqu’au bout des cheveux, s’enroulant autour pour empêcher la tresse de se délier. La coiffure donnait à Sherockee un visage plus reposé, plus serein. Sherockee se sentait mieux. La porte s’ouvrit quelques minutes après. Sherockee tourna la tête, c’était le directeur-adjoint qui revenait avec Sandra.

    – Elle te va bien cette polaire, remarqua Sandra, tu l’as piquée ?

    – Non, c’est moi qui lui est passée, c’est la mienne. Tu m’as déjà vu avec quand même ?

    – Ah oui ! Maintenant que tu le dis… Elle va mieux à Sherockee qu’à toi !

    – Mais… Sandra ? C’est…

    – Ah tu n’es pas encore au courant ? s’étonna Sandra. Pourtant, depuis le temps que tu es au FBI, tu devrais être au courant ! On est frère et sœur. Une famille au sacré caractère, n’est-ce pas ? Allez, vas-y, dis-le !

    – Oui… Effectivement ! Au moins, vous vous voyez souvent… Vous veniez pour quelque chose ?

    – Vous avez faim ?

    – Non, je ne mange rien, merci.

    – Oui, bon… En fait, j’ai une petite question… Enfin, quelque chose à te dire. Mais il va falloir que nous ne soyons que toutes les deux, n’est-ce pas Matthew ? Allez, dégage de là !

    – Tu te rends compte comment tu parles à ton supérieur ?

    Sandra pointa la porte du doigt, Matthew leva les yeux au ciel et sortit. Sandra attendit quelques secondes et s’assit. Sherockee la regardait, la tête légèrement inclinée. Sandra prit une feuille et un stylo et se mit à dessiner. Sherockee la regardait faire, intriguée. Lorsque Sandra leva son stylo, Sherockee put reconnaitre deux choses. La première, une arme à feu. La seconde, un homme avec des ronds sur le corps.

    – Voilà ce qui pourra peut-être t’innocenter.

    – Les impacts de balles ? Comment ça ?

    – C’est exactement ça. J’ai pu constater – et les agents aussi – que tu tires extrêmement précisément. Or, les impacts sont trop nombreux pour que ce soit toi qui les aies tirés. Mais il va falloir que j’en aie la preuve. Viens, on va faire un tour au centre de tir.

    Elles se levèrent et sortirent. Sandra conduit Sherockee dans les couloirs et les escaliers. Elles arrivèrent. Sandra passa un casque anti-bruit, des lunettes et une arme semblable à celle qui avait servi pour tuer les agents à Sherockee qui enfila le tout et prit l’arme à feu. Sandra enfila les lunettes et le casque avant de se diriger dans une salle. Elle présenta une cible à Sherockee, qui chargeait l’arme. Sherockee se positionna et tira ; un seul coup en plein dans la partie qui représentait le cœur. Sandra la dirigea vers une nouvelle salle. Cette fois, il y avait plusieurs cibles de carton. Sherockee recommença. Il y avait trois silhouettes, trois coups précis, parfait pour tuer en un seul coup. Sherockee regarda Sandra qui notait les résultats. Sandra l’emmena dans une troisième salle. Elle demanda à Sherockee de tirer à des endroits précis sur les cibles. Sherockee réussit tout. Sandra ne paraissait pas étonnée de ces résultats dignes des meilleurs snipers.

    Elles sortirent après avoir retiré leur équipement. Sandra raccompagna Sherockee dans la salle d’interrogatoire. Ensuite, elle retourna dans son bureau. Sherockee rentra dans la salle et ferma la porte. Elle alla en dessous de la fenêtre. Elle sauta et s’accrocha sur le rebord. Elle s’appuya et réussit à monter. Elle s’installa sur le rebord et regarda au dehors. Il faisait encore beau, le ciel était limpide. Le soleil était bas, mais l’agitation dans les rues ne s’arrêtait pas pour autant. Les voitures effectuaient toujours leur danse sur le boulevard, les piétons réalisaient toujours leurs aller-retour dans la rue. Sherockee regardait tout. Elle voulait sortir, mais n’avait pas envie d’avoir d’autres problèmes alors que Sandra avait trouvé comment limiter les dégâts. Elle regarda la salle. Rien à voir avec celle d’avant. Elle était lumineuse, plus spacieuse, le plafond était plus haut. Le néon éclairait plus et la caméra était plus discrète.

    La porte s’ouvrit au bout d’une demi-heure. Sherockee n’y fit pas attention, elle était toujours passionnée par ce qui se passait dehors.

    – Comment êtes-vous arrivée là-haut ?

    – Il suffit de sauter ! Mais je vais vous avouer qu’il faut avoir un peu de jambes et un peu de force dans les bras.

    – Oui, je vois. Je venais juste pour vous demander si vous pouviez me repasser ma polaire. Je dois sortir mais il fait un peu froid et je n’ai rien d’autre.

    Sherockee retira la polaire et la lança à Matthew. Il l’attrapa, remercia Sherockee et sortit. Elle n’avait pas bougé de son perchoir. Elle n’avait pas bougé son regard non plus. Elle ne savait pas si quelqu’un viendrait à un moment, mais elle n’avait pas l’attention de bouger quoi que ce soit. Sa respiration faisait de la buée sur la vitre. Sherockee posa sa tête contre le mur et ferma les yeux. Elle écoutait chaque bruit. Elle entendait les voitures, les gens qui parlaient et plein d’autres bruits de la rue. Elle se concentra sur les bruits de l’intérieur. Elle entendit des pas dans les couloirs, des paroles, des feuilles, des cliquetis. Elle ferma les yeux pendant quelques secondes encore et commença à chanter. Sa voix mélodieuse retentit dans le couloir, dans la salle d’à côté et à l’étage. Elle chantait sans s’arrêter des chansons d’amours, des chansons sur la vie. Chaque chanson paraissait plus belle, chaque sentiment était plus fort. Certains agents venaient tout près de la porte pour écouter. Sherockee chanta des dizaines de chansons. Chacune était écoutée par plusieurs personnes qui, à chaque fois, ressentait le vrai pouvoir de la musique. Sherockee chanta en anglais, en français, en japonais, en russe, en arabe… Pratiquement toutes les langues et les chansons qui leur étaient appropriée furent chantées, ressenties. Sherockee chanta aussi une chanson dans une langue inconnue des agents. Celle-là fut la dernière. Lorsque les derniers mots de sa mélodie se finirent, les agents qui écoutaient ressentirent une émotion qu’ils n’avaient pas l’habitude d’éprouver. Ils avaient été touchés de la sincérité avec laquelle Sherockee avait chanté, du timbre de voix grave mais doux qu’elle avait et de la magie des paroles. Certaines chansons font pleurer, d’autre font réfléchir, mais celle que Sherockee avait chanté faisait autre chose. Un sentiment indescriptible, qui serre le cœur, qui est plus doux que les pleurs, mais plus fort que la réflexion, qui donne des frissons mais qui donne chaud au cœur. Une sensation que l’on pourrait passer des heures à décrire, sans pouvoir la cerner exactement. Sherockee savait contrôler cette émotion, elle savait s’en servir. Elle resta quelques minutes sans bouger, souriante. Ensuite, elle rouvrit les yeux et regarda dans la salle. Quelqu’un se trouvait en bas. Un visage que Sherockee connaissait bien. Le directeur était revenu. Il s’était assis sur une chaise et regardait Sherockee. Elle tourna la tête vers la rue et soupira.

    – Vous êtes déjà revenu ? Moi qui croyais que j’allais avoir la paix pendant quelques temps… Je crois que c’est fichu ! Pas trop de points de suture ?

    – Sept, mais je crois que ça n’est pas grand-chose par rapport à ce que vous prévoyiez, dit le directeur sur un ton méprisant. Je suis plus résistant que vous ne le croyiez ! Par contre, vous, une personne aussi détestable, méprisable, répugnante et nuisible, vous ne tiendrez plus longtemps !

    – Vous parlez comme ça maintenant ? Très bien, je vais en faire de même alors. Qu’est-ce que vous voulez ? Vous venez pour me mettre en taule ou en hôpital psychiatrique ? Parce que je pourrais très bien m’enfuir avant que vous ne réussissiez, vous êtes tellement lent !

    –Vous vous rendez compte comme vous pouvez être insolente ?

    – Oui, je sais, mais je ne fais que de répondre à votre propre insolence. Si vous venez pour m’emmerder, autant vous dire que vous devriez vous en aller tout de suite parce que cette fois, il n’y aura pas de table pour retenir mon coup que je me ferai un plaisir de vous l’envoyer là où ça fait vraiment mal et je n’hésiterais pas à aller jusqu’au bout cette fois.

    – Vous me faites rire ! Si vous me tuez, vous prendrez pour tellement longtemps que vous demanderez la peine de mort toute seule !

    – Même si je demandais la peine de mort, je ne pourrais pas mourir. Bon, qu’est-ce que vous me voulez ?

    – Je vous ai entendu chanter, je suis venu voir ! Vous chantez bien pour une fille comme vous.

    – Qu’est-ce que ça veut dire ?

    – Rien du tout ! Je voulais savoir, est-ce que tout ce que vous avez raconté jusqu’à présent est vrai ?

    – Non, depuis le début je ne fais que mentir, que d’inventer des histoires ! Mais bien sûr que c’est vrai ! Si je voulais que mes histoires soient crédibles, je ne raconterais pas toutes ces choses sur la magie, tous ces trucs sur vous, les humains et j’aurais demandé un avocat ! Vous n’avez pas vu les interrogatoires que j’ai faits ? Vous devez y avoir accès pourtant ! Allez les voir ! Vous m’en direz des nouvelles ! Vous ne comprenez vraiment rien ! Heureusement que je ne perds pas la boule, sinon je serais déjà en prison depuis longtemps !

    Sherockee s’était énervée mais n’avais pas bougé. Pour l’instant, seul ses mots avaient été – un peu – brutaux. Elle réussissait à garder ses envies de comportement violent pour elle, mais craignait que ça ne dure pas longtemps. Le directeur ricana, se leva et sortit de la salle. Sherockee le regarda s’en aller en réfléchissant à des plans machiavéliques et se tourna vers la rue. Elle commença à fredonner un air qu’elle connaissait bien. « L’hymne à l’amour » lui redonnait toujours le sourire. Elle le chuchotait pour que personne ne l’entende nulle part. Elle le chantait pour Jonathan et ne voulait que personne ne l’écoute. Non pas qu’elle avait honte, mais seulement qu’elle ne voulait pas que quelqu’un croit qu’elle le chantait pour une autre personne. Lorsqu’elle eut finit, elle réécouta les bruits. Elle entendit moins de voiture, plus de piétons.

    À l’intérieur, il y avait toujours les mêmes bruits. Toujours autant d’agitation, toujours autant de mouvement. Sherockee regardait encore la rue. Elle vit Matthew qui sortit d’une voiture et qui rentra. Elle vit deux autres agents sortirent pour se diriger vers la cafétéria de l’autre côté de la rue, un autre encore rentrer. Un perpétuel mouvement se faisait à l’entrée. Du haut, Sherockee pouvait le voir, mais ceux du bas ne pouvait pas le deviner, ils le composaient. Sherockee regarda un peu plus loin. Même valse devant un autre immeuble. Dans la rue, les voitures effectuaient une danse semblable. Une voiture passait dans un sens, deux dans l’autre qui faisait un échange avec une autre sur le boulevard. Sherockee regarda encore ce ballet quelques minutes avant de descendre dans la salle. Elle fit quelques tours lorsqu’elle entendit des rires. Sandra rentra. Elle était toute rouge d’avoir rigolé, et avait les larmes aux yeux.

    – Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce que tu as fait pour être aussi hilare ?

    – Mais c’est toi qui me fais rire ! C’est incroyable comme tu tiens tête au directeur ! J’ai beaucoup aimé ta dernière phrase d’ailleurs. Tu n’as pas peur de lui ?

    – Non, et il n’arrivera jamais à me faire peur ! Il pourrait me mettre en prison, à l’hôpital, me foutre la peine de mort… Rien n’y fera ! Il me sort par les trous de nez… C’est… C’est… Je n’en trouve même pas le mot tant il m’énerve !

    – Oui, je vois ! Vous vous aimez comme chien et chat ! C’est mignon… Tant que tu ne t’enfonces pas plus dans la merde en le tuant…

    – J’y ai pensé plusieurs fois, figures-toi. Mais j’ai encore toute ma tête, et trop de raison pour faire ça. Tu as réussi à trouver quelque chose ?

    – Oui, pour l’instant, avec les résultats du stand de tir, j’ai réussi à prouver que tu tirais trop bien pour avoir fait des impacts comme ceux sur les victimes. Mais il va falloir que tu viennes avec moi pour que l’on fasse une reconstitution de la scène. Tu vas tirer avec des balles de peintures sur de véritables hommes. Il faut que l’on arrive à faire exactement ce qui s’est passé. Et ça tombe bien, il était à peu près vingt et une heure lorsque le meurtre a eu lieu.

    – Tu ferais tout ça pour un autre criminel ? Pourquoi tu te donnes autant de mal ?

    – Il faut que tu saches que j’ai toujours, toujours, considéré Dimitri comme un autre frère et que…

    – Non Sandra, tu mens. Tu l’aimais bien plus fort, bien plus sincèrement. Il occupait une bien plus grande place dans ton cœur. Ne mens pas avec moi, tu peux me le dire.

    – Non pas ici, pas devant cette caméra, viens, on y va.

    Sherockee sourit et suivit Sandra. Elle n’osa pas lui dire que depuis longtemps elle avait brouillé le signal. Elle regardait Sandra, qui fixait le sol.

    – Dimitri, c’était… Plus qu’un ami, plus qu’un frère, plus qu’un grand amour. Une âme sœur, ma moitié. Je l’ai toujours suivi dans ses missions, dans ses opinions, dans sa vie. C’est simple, je savais ce qu’il votait à chaque élection, je savais quel plat surgelé il avait pris le soir et combien de temps il l’avait fait chauffer, je savais même s’il avait regardé les étoiles le soir. Pourtant, je ne suis jamais plus resté chez lui que sa mère. Mais, c’était tellement fusionnel entre nous que… Je lisais en lui comme dans un livre ouvert. Je le connaissais depuis que j’étais rentrée au FBI, mais j’avais l’impression de le connaître depuis toujours. Lui était toujours un peu distant avec moi, mais je l’aimais comme ça. J’avais l’impression qu’il ne s’occupait pas de savoir quoi que ce soit.

    – Détrompe-toi, il était dans la même situation que toi. Mais il n’avait jamais osé, comme toi, le dire. Je… J’aurais voulu que tu puisses vivre avec lui, mais à cause de moi, tu…

    Sandra s’arrêta brusquement de marcher. Elle remonta le regard vers Sherockee.

    – Tais-toi ! Tu n’as pas le droit de t’accuser comme ça ! Dimitri n’avait qu’une idée en tête : il voulait que tu sois innocentée ! Il voulait que tu vives ! C’est pour ça que j’ai continué sur l’affaire avec l’ambition qu’il avait, c’est pour lui ! Alors, maintenant tu ne vas plus penser à ça, ne plus t’accuser comme tu l’as fait si souvent jusqu’à maintenant. On va continuer toutes les deux sur notre lancée et on va réussir à t’empêcher de prendre mille ans de taule. Allez, viens on y va.

    Elles marchèrent jusqu’en bas. Sherockee ne savait pas du tout où elles allaient. Elle monta dans la voiture de Sandra, qui la conduisit sur la scène de crime, un peu plus haut dans le quartier de Manhattan.


  • Commentaires

    1
    Dimanche 6 Septembre 2015 à 21:23

    Voilà le début du 15ème chapitre! Comme il est un peu (très) long, je le découpe en 3 parties.

    Bonne lecture!smile

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