• 13 (suite)

    Elle raconta ce qu’elle avait vu, l’agent le nota sur son carnet. Ensuite, l’infirmière décida de rentrer. Elle poussa le fauteuil et ils rentrèrent. Sherockee était fatiguée. Ils montèrent à l’étage et l’agent laissa les deux femmes rentrer dans la chambre. Elles rentrèrent, l’infirmière retira les couvertures et l’écharpe et prit Sherockee aussi délicatement que la fois d’avant. Elle la positionna dans le lit et rebrancha quelques fils. Sherockee s’était déjà endormie, elle sortit en laissant la porte ouverte. L’agent voulait lui parler. Ils discutèrent quelques minutes. Lorsqu’une autre infirmière arriva, elle lui demanda de rester dans la chambre, le temps qu’elle aille chercher le médecin. Lorsqu’ils revinrent, l’agent posa beaucoup de questions au médecin.  

    – Et quand pourra-t-elle être transférée ?

    – Je ne sais pas, cela dépendra d’elle. Si elle récupère vite, vous pourrez peut-être espérer que dans une semaine ce sera bon, mais si l’on découvre des complications avec les contrôles de demain, ce ne sera pas avant deux ou trois semaines. Il faut être prudent, elle a subi plusieurs chocs, parfois violents, et elle a vraiment beaucoup de fractures. Elle va peut-être avoir des traumatismes, alors il vaut mieux être patient.

    L’agent hocha la tête. Le médecin rentra dans la chambre. Sherockee avait les yeux légèrement ouverts. Elle avait écouté la conversation et semblait attendre d’autres explications du médecin. Il s’assit à côté d’elle, prit les papiers posés sur la table et commença à lire. Lorsqu’il eut fini, il releva la tête vers Sherockee .

    – Je vois que vos résultats sont très positif… Vous récupérez vraiment vite ! A ce rythme-là, vous devriez pouvoir marcher dans un ou deux jours, dit-il ironiquement. Vous avez meilleure mine que lorsque l’on vous a récupérée ! Comment vous sentez-vous ?

    – Je pense que ça pourrait être mieux, mais que ça pourrait être pire. J’arrive mieux à bouger, j’entends, je vois beaucoup mieux et surtout je peux reparler, donc tout va bien pour moi. Qu’est-ce que j’ai ?

    – En résumé, vous avez des tonnes de blessures, pas mal de fractures, quelques déplacements, des hématomes et une hémorragie. En plus long… Vous avez trois côtes cassées avec un enfoncement du haut de la cage thoracique, une entorse à la jambe droite et une hémorragie qui s’est arrêtée dans la gauche ; une ouverture qui a provoquée l’éclatement de la veine sur la tempe, un choc à l’arrière du crâne qui l’a ouvert ; une petite fêlure sur le troisième lombaire, mais qui normalement n’a pas touché la moelle épinière et pas mal d’autres choses, trop longues à expliquer.

    – La routine quoi !

    Sherockee souriait. Le médecin rit. Sherockee avait gardé le sourire, malgré les nombreuses douleurs. Elle se rendormit quelques minutes après . Le médecin s’occupa d’elle un instant puis sortit de la chambre. Sherockee passa une nuit infernale. Elle faisait des cauchemars, ce qui la réveillait toutes les heures. L’image de Danam la hantait, l’étouffait. Elle n’arrivait pas à se calmer, l’infirmière n’arrivait pas à atténuer son angoisse. Au petit matin , elle réussit à s’endormir. Elle se réveilla au bout de dix minutes, mais elle avait récupéré de sa nuit. Elle se redressa sur son lit et s’étira doucement pour débloquer les articulations qui pouvaient bouger. Elle essaya de bouger ses pieds. La douleur qu’elle avait eue le jour d’avant s’était atténuée, mais elle ne pouvait pas bouger les chevilles. Les orteils et les genoux commençaient à répondre. Elle avait moins mal à la poitrine et à l’épaule. Une infirmière passa dans la chambre et demanda si Sherockee pouvait recevoir le FBI, pour être interrogée. Sherockee hocha la tête. Un autre agent que celui de la veille rentra dans la chambre quelques heures après. Il arriva avec la dague de Sherockee dans la main. Celle-ci voulu la reprendre, mais l’agent l’en empêcha.

    – Vous pouvez m’expliquez ce que ce couteau faisait sur vous ?

    Sherockee réfléchit un bon moment. L’agent ricanait devant elle.

    – Vous n’avez même pas de raison ? C’est dommage, je vous croyais plus douée pour les mensonges !

    – Si je vous dis la vérité, vous me croirez ?

    – Tout dépend de votre version de la vérité.

    – J’ai récupérer cette arme à celui avec qui je me suis battu hier… Ou… Enfin, celui qui m’a fait la plupart de ses blessures. Vous pourrez demander à Nelson… Qu’est-ce que c’est son nom déjà ?... Je ne sais plus, enfin, je ne l’ai pas utilisée et je ne comptais pas l’utiliser. En fait, c’est la seule arme qui puisse me tuer. Il faut que je la reprenne, s’il vous plaît, sinon elle risque de tomber entre de mauvaises mains.

    – Vous savez quoi ? Je ne vous crois pas, ce n’est pas possible ce que vous me dites, incohérent et puis je ne vais pas vous la rendre. Vous êtes complètement folle…

    – Je savais que vous ne croiriez pas ! En fait, je sais que l’on ne me croira plus depuis le début de l’affaire. Peut-être que quelques-uns me croiront un jour, mais je sais que les agents ne me croiront plus pendant longtemps. Vous n’êtes pas l’exception qui confirme la règle, donc je ne vais pas essayer de vous convaincre plus que ça. Mais je vous préviens, si je disparais et que vous me retrouvez morte, il ne faudra pas s’étonner ! Tant pis pour vous ! Et vous savez quoi ? Je vous promets de ne pas m’enfuir tant que l’on ne sera pas sur le sol américain ! Après, je verrais si je m’enfuis encore une fois du FBI 

    Sherockee était pensive, elle se rappelait de sa fuite pour sauver Nelson. Elle se rappela lorsqu’elle était arrivée dans l’impasse. Un flash. La chute du train. Le coup sur l’épaule et la chute. Maintenant, elle savait pourquoi elle était arrivée dans la forêt. Son visage s’assombrit. L’agent était déjà parti , alors elle se confia à l’infirmière qui nota sur une feuille. Sherockee resta encore un moment sans bouger.

    – Bien, maintenant, dit l’infirmière lorsqu’elle eut finit de noter, il faut que je vous emmène au scanner, puis au centre de radiologie, enfin, il faut que vous passiez plusieurs examens supplémentaires.

    Sherockee se mit sur le bord du lit, pendant que l’infirmière avançait le fauteuil roulant. Sherockee descendit dans le fauteuil, en essayant de ne pas se faire mal. Ensuite, l’infirmière poussa le fauteuil. Elles traversèrent beaucoup de couloir, elles passèrent devant beaucoup de salles. Enfin elles arrivèrent dans une première salle. Sherockee passa les premiers examens, le médecin récupéra les résultats et ils se dirigèrent dans une deuxième salle. Puis une troisième, et une quatrième. Sherockee passa plein d’examens complémentaires, l’hôpital – ou le FBI– n’avait pas voulu laisser passer quelque chose. Sherockee était fatiguée après tous les examens, elle passa la journée à se reposer. Le médecin étudia longuement les résultats. En fin de journée, il revint dans la chambre. Il était pâle, Sherockee ne comprenait pas.  

    – Qu’est-ce qu'il y a ? Vous êtes vraiment pâle ! Asseyez-vous !

    – Il… Il y a un problème… Impossible… Vous… Oh mon Dieu ! Vous n’avez plus… Enfin…

    – Passez-moi ces feuilles, je trouverai toute seule et ça ira beaucoup plus vite.

    Le médecin passa une feuille à Sherockee qui la lu jusqu’au bout. Elle rit lorsqu’elle eut finit la feuille.

    – C’est vrai, j’avais oublié de vous prévenir. Je ne fonctionne pas vraiment comme vous ; vous avez de l’hémoglobine dans les artères et moi j’ai de la vie dans les veines. Je sais, c’est étrange, mais moi, je tiens debout grâce à vous, vous qui vivez. Du coup, je n’ai pas besoin de globules rouges, mais juste de la matière que produit la vie ! Oui, je sais c’est bizarre – surtout que vous m’avez vu saigner et que c’était quand même rouge. Mais arrêtez de faire cette tête ! Non, ne vous évanouissez pas ! Je ne vais pas pouvoir vous rattraper !

    Elle donna une tape dynamique dans l’épaule du médecin qui était de plus en plus pâle et qui commençait à tomber. Elle commença à crier pour qu’une infirmière vienne, en oubliant sa douleur à la poitrine. Elle cria deux fois et finit par s’arrêter à cause de la forte douleur. Elle se rallongea dans le lit et une infirmière arriva en courant. Elle rentra et s’occupa du médecin. Sherockee essayait de récupérer de son effort. L’infirmière lui demanda si elle voulait que quelqu’un s’occupe d’elle.  

    – Non, occupez-vous du médecin, je vais récupérer toute seule. Ne vous inquiétez pas pour moi.

    Sherockee sourit à l’infirmière qui emmena le médecin. Sherockee resta seule dans sa chambre. Lorsque la douleur s’atténua, elle se redressa et se mit au bord du lit. Elle posa les pieds par terre et se leva, lentement, appuyée sur le lit. Elle avait mal, mais continuait à se lever. L’infirmière qui s’était occupée du médecin revint. Lorsqu’elle vit Sherockee debout, elle voulut lui dire de se rasseoir, mais Sherockee lui fit signe de ne pas s’inquiéter. Elle savait ce qu’elle faisait et voulait aller jusqu’au bout. Elle se redressa, en prenant un peu plus appui sur ses jambes, en lâchant le lit. Elle réussit à se lever complètement . Elle était heureuse, malgré les douleurs dans ses jambes. L’infirmière était contente de la voir debout, mais inquiète quand même. Sherockee regarda la fenêtre et essaya de faire un pas. Elle posa doucement le pied, leva l’autre et failli tomber . L’infirmière se précipita pour la rattraper. Sherockee riait. Elle se releva et se positionna devant la fenêtre. La fenêtre de la chambre donnait sur le stade de foot et le terrain de basket. Un match de football se jouait, un match entre deux clubs d’enfant. Il y avait beaucoup de parents pour faire les supporters, les enfants avaient l’air motivé. Sherockee les regarda. Elle sourit et se retourna . Elle essaya de marcher jusqu’à son lit, cette fois plus lentement. Elle réussit à garder l’équilibre. Elle arriva devant son lit, s’arrêta quelques secondes mais finalement se retourna et fit quelques pas dans la chambre. Elle commençait à reprendre ses appuis, à prendre de l’assurance. Sherockee sortit de la chambre , pieds nus, sous l’air amusé de l’infirmière. Elle marchait sans se soucier de rien, juste par bonheur de marcher.

    – Sherockee ! Où allez-vous ? Revenez, vous n’avez pas le droit de partir !

    « Encore un nouvel agent ? Mais c’est qu’ils m’aiment beaucoup au FBI ! Ils ont sorti le grand jeu ! Et puis celui-là, ils lui ont rajouté l’option “je te cours après” ! Trop de la balle le nouveau joujou… Non mais je rêve où il y en a un autre devant moi ? Ils veulent vraiment que je continue à jouer avec eux ! Trop gentils… Il faudra que je les remercie ! »

    Sherockee arriva devant un autre agent, qui essaya de la bloquer. Elle commença à rire, fit demi-tour d’un coup et reprit son chemin dans l’autre sens. Les agents se regardèrent, perplexes. L’un leva les épaules pendant que l’autre reprenait sa course derrière Sherockee. Celle-ci avait continué son chemin loin dans le couloir et n’avait pas prévu de s’arrêter. Elle tourna plusieurs fois dans les couloirs, salua plusieurs infirmières et médecins, alors que l’agent essayait tant bien que mal de la suivre. Elle descendit à l’étage inférieur, salua plusieurs patients et remonta. Elle finit par rentrer dans sa chambre.  Elle s’assit dans son lit un grand sourire aux lèvres, sous l’œil interrogateur de l’infirmière. Sherockee se mit à demi-allongée et ferma les yeux. Sa balade dans l’hôpital l’avait fatiguée. Elle resta un bon moment  sans s’endormir, mais la fatigue finit par prendre le dessus.


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